Ici, la Vierge Marie ne pleure pas. Elle ne prie pas. Elle ne veille pas sur l’humanité. Elle pose.
Derrière ses lunettes d’influenceuse, elle devient l’icône d’une ère saturée de simulacres, où le sacré n’est plus qu’un filtre parmi d’autres, une esthétique au service du divertissement. Dans ses mains, point d’enfant sauveur, mais une courge — molle, difforme, vaguement obscène — fétiche végétal à mi-chemin entre le totem sexuel et le légume oublié. Le divin cède la place au grotesque, et l’icône chrétienne devient une égérie pop grotesque, remixée façon millénaire païen.
Ce collage est une profanation joyeuse, un doigt d’honneur poli à la tradition patriarcale de l’iconographie religieuse. Le halo est encore là — preuve que l’empreinte du sacré résiste — mais il n’illumine plus rien, sinon l’absurdité de notre temps. La Vierge n’est plus vierge. Elle est maquillée, accessoirisée, parodiée. Elle n’est plus pure, elle est stylée.
Sainte Courge évoque la réappropriation des symboles par le kitsch, la féminité transformée en performance, et l’absurde comme outil de subversion. Le collage provoque, interroge, dérange, mais surtout, il démasque : que vénère-t-on aujourd’hui ? Le sacré, ou sa parodie instagrammable ?
Ce n’est plus une Madone, c’est une punk mystique.
Une madone 2.0 au service d’aucun Dieu — sinon peut-être celui du scroll infini.
A retrouver ici également : Sainte Courge sur ArtMajeur